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Chili - De l'Atacama à Uyuni, un trajet difficile !



Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un endroit particulier que nous allons raconter sur cette page, mais plutôt une expérience : un trajet pas comme les autres, pour rejoindre la Bolivie depuis le petit village chilien de Chiu Chiu. Mieux vaut le dire tout de suite : il faut compter sur la patience, la chance, la persévérance ! Car il est impossible de louer une voiture, les relations entre les deux pays n’étant pas bonnes. Donc système D, ce qui fut pour nous le stop bien entendu, mais aussi le train de marchandises…

église San Francisco du petit village de Chiu Chiu, datant du XVIIème siècle, et donc une des plus anciennes du pays. Ses murs en adobe font presque deux mètres d’épaisseur, et, comme pour celle de San Pedro de Atacama, la charpente est en bois de cactus. Avant la conquête espagnole, ce village inca était une étape importante sur la route de Potosi, et les conquistadors en ont fait un centre missionnaire par la suite.



Salar d’Ascotan


Notre projet était donc de rejoindre Calama à Uyuni, passant la frontière à Ollagüe. Sur la carte, c’est faisable. Nous ne savions pas qu’il n’y avait personne ! Nous entamons donc ce long trajet par du stop, puis de longues heures à pied…


 

marche à 4000 mètres d’altitude, avec froid glacial, sur le bord du somptueux salar d’Ascotan.

Très peu de voitures, c’est un euphémisme. Des fois on en voit au loin, mais elles prennent la direction de la mine à 75%. On attend en plein soleil pendant 3 heures complètes, désespérés et n’y croyant plus guère. A midi et 10 minutes, alors qu’on allait ouvrir une boîte de sardines (…), une voiture s’arrête et le gars veut bien nous emmener 100 bornes plus loin, vers le salar d’Ascatan. On accepte de suite. On met les sacs dans le coffre et on se serre à quatre à l’arrière. Comme dit Julien : « voilà une deuxième boîte de sardines ». C’est très poussiéreux et on avale du sable ; les vitres, on ne peut pas les ouvrir, elles sont cassées. La route est une piste en lignes droites montantes, dans un paysage superbe, avec beaucoup de volcans, dont certains ont des fumerolles. On s’arrête faire une pause détente et on repart. Poussière poussière… En fait, les deux mecs nous feront faire environ 130 bornes, nous emmenant plus loin que prévu, c’est bien cool. Le problème pour nous, c’est que l’endroit est complètement paumé, on a croisé deux voitures en deux heures de route… la folie, ça craint ! Passage d’un col à 3966 mètres (un panneau sur une locomotive morte l’affirme) avec poste police où ils prennent nos numéros de passeport et se moquent du mondial réalisé par les français. On rit tous ensemble, même dans ce coin paumé du Monde on parle foot… Ce qui est drôle aussi, c’est de voir les mecs s’arrêter net à chaque fois que l’on croise la ligne de chemin de fer qui va à Uyuni. Il n’y a personne à l’infini, il n’y a qu’un train par semaine, et ils s’arrêtent à CHAQUE fois !!

 

Deux immenses lignes droites nous occupent durant 1h30, c’est assez mortel. Faire un trek dans ces parages doit être assez monotone même si le paysage, encore une fois, est splendide. Un panneau « attention, mines » vient égayer le panorama…

Salar de Ascotan, 3750 mètres, les mecs nous laissent tout seuls, snif… Un vent glacial souffle. Le paysage est somptueux, beaucoup plus joli que le salar d’Atacama. Imaginez une couleur d’eau turquoise, avec des flamants, une superbe végétation et un chapelet de volcans dont certains fument… Sensas ! Vent glacial, on mange sur le bord de la route, abrités derrière les sacs. Après, voyant qu’il n’y aura (pas) guère de voitures, il faut bien se mettre à marcher.


Salar de Carcote


Nous longeons en voiture la belle Laguna Verde (pas la célébrissime côté bolivien…) avec des gens du parc. Le salar s’appelle cette fois-ci Carcote, et est situé au sud-est d’Ollagüe, à une altitude de 3700 mètres. Sa superficie est de 110 km². Comme tous les autres salars, c’est le reste d’un ancien lac en cours d’assèchement, dont il ne reste que quelques lagunes, dont celle-ci.

laguna Verde, Chili


UNE voiture, mais en sens inverse. On l’arrête quand même. Les mecs vont faire un tour et repassent dans une heure vers Ollagüe (prononcez ojaoué), à la frontière bolivienne, là où nous on veut aller. On est super contents car ce sera la seule voiture rencontrée de l’après-midi. On marche encore un peu donc, et ils reviennent. Stefi et Hervé dans le coffre, moi et Julien à l’arrière, avec un mec et son chien, un adorable chiot Husky nommé Iquita. Musique US puis locale avec flûte de pan. Avant d’aller au village, ils  font un détour de 30 bornes pour aller vérifier l’enneigement des routes (à ce que l’on a pu comprendre). Paysages grandioses d’un second salar, celui de Carcote, avec des lagunes, dont la splendide laguna Verde, avec en arrière plan le volcan Ollagüe (5916m) qui fume. En plus, les couleurs de fin de journée viennent ajouter au charme de l’endroit. Peu de touristes ont dû venir jusque là. Après le petit tour, on revient sur la route qu’on avait laissée et on achève les 30 bornes qui nous séparent du village. Les pauvres H et S à l’arrière du véhicule ont très froid et mangent de la poussière. Il faut dire que notre chauffeur pousse vraiment son Nissan, puisque c’est du 130 kilomètres/h en moyenne, et 110 sur les buttes, la folie !

Laguna Verde, Chili


Ollagüe


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1 - volcan Ollagüe dominant la localité du même nom, à la frontière bolivio-péruvienne. D’une hauteur de 5868 mètres, il a une activité constante avec de nombreuses fumerolles, que l’on peut deviner sur la photo au niveau de la lèvre du cratère. Sur la partie nord du volcan, une route (une des plus hautes au monde) grimpe quasiment au sommet jusqu’à des mines de soufre !
2 - village d’Ollagüe et sa centaine d’habitants, dans cet endroit reculé des Andes. On jurerait d’ailleurs un village fantôme, avec ses locomotives abandonnées et le vent faisant vibrer les tôles rouillées… Un vrai lieu de western !

C’est un bout du monde, vraiment. Endroit glauque, une gare désaffectée, personne, maisons alignées et fermées, froid glacial…On va faire les « courses » avec Julien, qui adore ce bout du monde. Il y a dans la gare autant de voies qu’à Montparnasse, pour un train par semaine. La belle époque est terminée. Des bouts de rails et de locomotives traînent partout, parfois ensablés, seuls quelques chiens dans ce village digne d’une ville-fantôme de western. Un terrain de foot vide au milieu de tout ça, sans âme qui vive, avec juste le vent glacial. Il fait froid dans le gîte, 8°C, c’est pas énorme. Nuit à 3710m, pas mal.


 

Chili – station Avaroa



Le lendemain, à la petite frontière chilienne d’Avaroa, horreur : il n’y a aucun train pour Uyuni… à moins que, avec des négociations…

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1 - trains fantômes à Avaroa
2 - aux commandes...
3 - Salar, immensité

dans un train de marchandises en longeant le salar !


Réveil 8 heures, nous allons faire tamponner notre passeport à neuf heures pétantes à la sortie du Chili puis nous envoyons 5 bornes à pied, soit une heure, d’une ligne droite mortelle. Ca oui on l’aperçoit au loin le poste frontière ! C’est un endroit aussi paumé que du côté chilien, avec locomotives mortes, coqs et chiens qui courent… et puis nada ! Le mec qui nous fait tamponner l’entrée sur le passeport est complètement bourré. Il pue l’alcool, se trompe d’un jour sur le passeport (entrée en Bolivie le 19 alors que nous sortons du Chili le 20… cherchez l’erreur…), manque se vautrer devant nous… bref, la déchéance dans ce coin perdu où souffle un vent de poussière ! On demande s’il y a moyen de rejoindre Uyuni, située à 200 bornes de là. Il nous répond qu’il n’y a pas de bus, pas de camions, et très peu de voitures… Rassurant ! Mais, rajoute-t-il, il y a un train qui part aujourd’hui à 14 heures. On saute de joie. On va voir le chef de gare pour lui demander où acheter les billets (naïfs que nous sommes, n’ayant pas compris qu’en ce beau pays les avis divergent…). Il nous dit : « impossible ! ». Ce n’est pas un train pour voyageurs mais un train de marchandises. Le prochain train ? « Lunes ». Lundi ! dans deux jours ! On propose de l’argent au conducteur, qui nous demande de patienter. Hervé discute avec un mec qui joue dans un orchestre de musique folklorique, il montre des cartes postales de Paris à un gamin, il supporte l’haleine putride de l’alcoolique au tampon qui, entrant dans la baraque, s’étale de tout son long sur les tables et les chaises (j’entends encore le bruit…) avant de ressortir avec une bouteille… Pathétique. Triste endroit où nous aimerions ne pas passer deux jours. « Vite, vite, départ immédiat ! ». On s’affole, on veut bien de nous dans le train marchandises, on laisse 31 dollars à Oscar le conducteur, il est 12h30, on monte dans la locomotive et posons les sacs à terre. Nous sommes à côté des manettes, leviers, boutons, bref, du Lantier en personne. 1h15 plus tard (… heureusement que le départ était immédiat) on démarre. On ne dépassera jamais le 50, et c’est du 37/38 km/h en moyenne. Le paysage défile lentement, salar après salar, on mange dans cet endroit atypique. Peu de touristes ont dû passer par là ! On est plutôt chanceux… On longe toute la partie sud du salar de Uyuni, la plus grande réserve de sel au monde, vaste comme deux départements français. Ce n’est pas encore le superbe blanc des cartes postales à cet endroit, mais l’immensité du paysage donne le vertige. On voit nettement le volcan Tunupa au nord qui est tout de même à 120 bornes de là, c’est dire… A 3 kilomètres d’Uyuni, le train stoppe pour nous laisser descendre, le conducteur ne veut pas se faire choper (il nous a même fait cacher pendant 15 minutes à Rio Grande lors d’un changement de wagons). On est vraiment des petits clandestins-apprentis.

arrivée à Uyuni où l’on se fait débarquer clandestinement quelques kilomètres avant le village



Uyuni


Un curieux cimetière à l’entrée du village : de vieilles locomotives à vapeur contemplent l’immensité du salar… drôle d’ambiance au coucher du soleil… Témoignage du XIXème siècle lorsque des trains chargés à ras bord de minerais partaient d’Uyuni alimenter les ports sur le Pacifique. Cet échange commercial dura 50 ans avant de péricliter en 1940 : les trains furent laissés à l’abandon. La Bolivie, qui avait en effet un accès à la mer, l'a perdu au XIXème siècle après sa guerre perdue contre le Chili.

cimetière abandonné d’Uyuni


Uyuni ! Ce nom nous faisait rêver depuis des années ! Voir le fameux salar… C’est aussi une petite ville de 20 000 habitants, située en bordure du désert salé à 3670 mètres d’altitude, vivant aujourd’hui du tourisme, avec plus de 60 000 visiteurs chaque année. Il faut dire que la splendeur du salar fait venir de très loin…


un grand marché coloré se tient dans les ruelles glaciales du centre, dont les pavés hexagonaux ne sont pas sans rappeler les pavés de sel du salar…
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Chili - De l'Atacama à Uyuni, un trajet difficile ! Chili - De l'Atacama à Uyuni, un trajet difficile ! Reviewed by RENOULT on 24 novembre Rating: 5

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